Les émaux céramiques


Un émail est une substance vitreuse (un verre). C'est un réseau de silice (SiO2, un oxyde de silicium), une sorte de cristal désordonné, qui peut recevoir dans ses mailles différents oxydes métalliques qui lui donneront sa texture, sa couleur, sa dureté, etc.
Certaines couleurs peuvent être obtenues uniquement à certains pH (acidité/alcalinité), par association de différents oxydes ou dans des conditions atmosphériques spéciales.

Les émaux se présentent sous forme de poudres, à diluer dans l'eau et à appliquer sur les pièces (précuites de préférence pour en faciliter la manipulation et la tenue des émaux).


 
Pièces émaillées et éprouvettes d'essai
prêtes à être cuites dans un four électrique
Atelier DALO

Le silicium pur fond vers 1440°C. Pour pouvoir faire fondre la silice à nos températures de cuisson (entre 1000 et 1300°C selon les émaux et les terres) et obtenir des émaux plus ou moins liquides aptes à napper les pièces, on apporte des fondants :
- plomb ou bore surtout en faïence (apportés par des frittes),
- potassium, sodium, calcium ou encore lithium... en grès et porcelaine (apportés par les feldspaths).

La très grande variété des matières premières disponibles permet d'infinies combinaisons à adapter aux différentes terres et aux température et modes de cuisson :
- basses températures (entre 1000°C et 1150°C environ)
- hautes températures (autour de 1200°C jusqu'à 1320°C) mais certains potiers vont jusqu'à 1400°C voire 1600°C pour les mieux équipés. A ces températures, on cuit essentiellement des porcelaines.
- cuisson en oxydation : l'atmosphère dans le four fournit suffisamment d'oxygène aux différents composants de la terre et de l'émail pour que tous soient oxydés pendant la cuisson ;
- cuisson en réduction : uniquement avec des fours à combustion (gaz ou bois) ou avec des procédés complexes en four électrique ; on crée un déficit en oxygène lors de la combustion en bouchant les arrivées d'air ; la combustion va alors chercher l'oxygène dans les constituants de nos pots et émaux. Certains oxydes passent alors dans un état réduit avec des couleurs très différentes par rapport à l'état oxydé. Les oxydes sur lesquels on peut le plus jouer en réduction, du moins de manière visible, sont le fer (vert céladon) et le cuivre (rouge sang de bœuf).


 
Pièce de Robert Deblander
céladon (fer) et nuage rouge (cuivre)
Coll.privée

Parmi les oxydes colorants, on peut citer :
- le fer pour le bleu, le vert (céladon = en réduction), le brun, le noir, le jaune ou encore le rouge (avec du phosphore par exemple pour obtenir les kakis et les rouges de fer) ;
- le chrome pour le vert et le rose (en petite quantité et avec de l'étain par exemple) ;
- le cuivre pour le vert, le rouge (en réduction) et le bleu (en réduction ou bleu turquoise dans les émaux très alcalins) ;
- le cobalt pour un bleu plus ou moins profond, le violet ou le vert ;
- le manganèse pour le mauve violet (avec de l'étain), le brun ; appliqué seul il donne un aspect métallique à haute température.

Bien d'autres sont utilisés mais moins souvent ou en combinaison pour nuancer les couleurs : nickel, titane, vanadium... Enfin, on peut utiliser des matières premières naturelles complexes, plus ou moins raffinées et dont les impuretés peuvent enrichir notre palette : rutile (titane), ilménite (titane fer), ocre (silice fer) et presque toutes les argiles sans oublier les cendres végétales, cadeau de la nature aux potiers ! 

Beaucoup d'autres oxydes sont intégrés aux émaux pour en modifier l'aspect (mat, satiné, brillant) et la texture (plus ou moins cristallisé, craquelé, opaque, transparent...) : baryum, bore, zinc, étain, zirconium, phosphore (cendre d'os), magnésium...

L'Atelier DALO élabore ses recettes à partir des méthodes de recherche et calcul molaire de Marc Uzan et Daniel de Montmollin.